Comment ne pas s’attarder dans cette lettre au retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier prochain et tenter de comprendre quels pourraient être les impacts des promesses de campagne sur l’économie mondiale.
Tout le monde s’accorde à dire que si le nouveau Président devait appliquer les principales mesures protectionnistes de son programme (politiques migratoires, barrières douanières sur les produits importés notamment de Chine mais aussi l’ensemble des partenaires commerciaux des Etats-Unis, etc.) celles-ci ne seraient pas sans impact sur l’inflation.
L’arrivée pressentie de Marco Rubio (sénateur de Floride) comme secrétaire d’Etat, connu pour son approche interventionniste envers la Chine, est un bon indicateur sur les velléités de la mise en application du programme électoral de Donald Trump.
A titre d’exemple, Marco Rubio a été sanctionné par la Chine en 2020 pour son soutien aux manifestations prodémocratie à Hong Kong. Concernant la guerre en Ukraine, il s’est également opposé à l’importance de l’aide militaire de 95 milliards de dollars, prétextant que les européens devaient assumer une quote-part plus importante.
L’ampleur de la victoire de Donald Trump devrait lui donner une plus grande latitude qu’en 2016 pour mener à bien son programme de réformes et le faire vite car il dispose de 24 mois pour réaliser ses grands projets de réforme avant les élections de mi-mandat au cours desquelles il pourrait perdre une partie des Républicains si l’économie se dégrade…
Certains économistes, estiment que le seul scénario d’une hausse des tarifs douaniers au plus haut niveau annoncé (10% et 60% pour la Chine) aurait pour effet de remonter l’inflation de 1 à 2% l’an prochain et donc le taux terminal des Fed funds vers 4,5% contre 3,5% préalablement.
Si l’on regarde du côté des marchés via les futures, l’impression générale reste celle d’un ralentissement sur les deux mandats de la banque centrale (inflation et emploi), et donc de la nécessité de poursuivre la baisse des taux avec :
- 85% de chances pré-élections d’une baisse de 25 pb le 18 décembre prochain,
- 66% le 6 novembre après l’élection de Donald Trump.
Selon J. Nagel, le président de la Bundesbank, l’application des promesses de campagne sur les hausses de droits de douane pourrait coûter 1% du PIB allemand. D’après Citi, la mise en œuvre des 60 % de droits de douane sur les produits importés de Chine promis par Trump impacterait de 1.5% jusqu’à 2,4 % le PIB chinois.
Par ailleurs, limiter l’immigration et même inverser le flux migratoire entraînerait également des conséquences directes sur le marché du travail et pourrait recréer de nouvelles tensions salariales et une pénurie de main d’œuvre dans certains secteurs, qui plus est, avec un taux de chômage à 4.1% qui demeure proche de son plus bas historique de 3.5% (bien qu’en hausse depuis mars 2023).
Enfin et sans surprise le futur Président des Etats-Unis qui était sorti des accords de Paris lors de son premier mandat a annoncé se concentrer sur les énergies présentes sur le sol américain. Finalement, l’ensemble des allègements promis par Trump pourrait amputer les recettes fiscales de plus de 10.000 milliards de dollars sur la décennie à venir.
Dans cet environnement où l’enjeu est celui de la 1ère place mondiale entre la Chine et les Etats-Unis, l’Europe se retrouve dans une situation périlleuse et doit plus que jamais s’unir pour garantir sa sécurité économique, son système démocratique et sa souveraineté européenne afin de ne pas pâtir des décisions auxquelles elle n’aurait eu aucune participation.
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